Aujourd’hui, à l’occasion de la fête des mères, je poste un article un peu spécial. Un article qui me trotte dans la tête depuis un bon bout de temps.

Ma mère n’est pas parfaite. Comme la majorité des mères, elle a composé de son mieux avec ses propres zones d’ombre et elle a fait des erreurs… mais elle a aussi fait de belles choses. Elle m’a transmis de belles choses.

Parmi elles, le sujet du jour.

Ma mère est à l’aise avec son corps. Un corps imparfait, un corps moyen de femme de son âge. Il est tel qu’il est. Rien d’autre.

Son comportement le dit.

Ses mots le disent.

Et ce, depuis toujours.

Je crois bien n’avoir jamais entendu ma mère prononcer une phrase du type : « bientôt l’été… maillot de bain… trois kilos en trop… plus de salade, moins de chocolat ! »

Non, je n’ai jamais entendu ma mère parler de régime. Ni pour elle, ni pour moi. Elle mange de la salade quand elle a envie de salade (elle adore la salade). Elle mange du chocolat quand elle a envie de chocolat (elle adore le chocolat).

Comme elle, aujourd’hui, je mange quand j’ai faim. Je mange ce qui me fait faim. Je n’ai pas tous les jours faim des mêmes choses.

Plus.

Ado, je me perdais dans la contemplation des mannequins sur papier glacé. A chaque fois que ma mère y jetait un œil j’avais droit à un « ce qu’elles sont maigres ! C’est pas beau ! » A l’époque, ces réflexions m’exaspéraient. Moi, je les trouvais belles, ces filles.

Mais aujourd’hui, je comprends ce qu’elle voulait dire. Je vois, ce qu’elle voyait : ces filles sont belles… mais elles sont taillées comme des gamines. Pas comme des femmes adultes. (D’ailleurs, c’est ce qu’on leur demande aux mannequins, non ? De rester “juvéniles” !)

Aujourd’hui, quand je me vois dans la glace, je vois une femme. Adulte. Avec des marqueurs de femme. Adulte. Une taille, des hanches, une poitrine, des cuisses, un peu de cellulite sur le haut des cuisses et sur les fesses… ça peut paraitre étrange par les temps qui courent, mais ma cellulite - légère, il est vrai - ne me gêne pas. Je l’aime bien. À la voir affleurer sous la peau je me sens femme.

Côté poids, j’ai grandi dans une maison sans balance. Je vis aujourd’hui dans une maison sans balance. Je sais que mon poids se situe quelque part entre 60 et 65 kg… au dernières nouvelles. Ça remonte donc à l’an dernier. Est-ce que ça a évolué depuis ? Je sais pas. Je m’en fous. Ce ne sont que des chiffres. Je sais, en revanche, que mon corps se sent bien tel qu’il est.

Fut un temps, je faisais une taille 38. J’étais au lycée. J’avais 17 ans. Aujourd’hui, je fais une taille 42 (ou 40, je ne suis plus très sûre… ). J’ai 34 ans. Jamais il me viendrait à l’idée de faire un régime. Je m’aime bien comme ça. J’ai quelques complexes, comme tout le monde, mais bon… rien d’obsessionnel.

Au final, je ne lis jamais de magazines féminins. Je ne m’y reconnais pas. Pire, je m’y ennuie.

Quand mes copines parlent régimes… je ne comprends pas vraiment ce qui les travaille.

Et, face à un obsédé de la nourriture et des calories, je me sens complétement déphasée.

Évidement, J’ai d’autres problèmes, d’autres déviances, qui me sont propres… mais celle de l’obsession du poids, des régimes et du comptage permanent de toute nourriture ingérée, non.

Et ça, je le dois à ma mère.

Elle a su me transmettre son détachement émotionnel à la nourriture.

Elle a su, aussi, seule contre une société toute entière, me transmettre son propre regard sur le corps d’une femme. Un regard sain et aimant.

Mieux encore, elle a su me dire que cette aisance n’est pas innée. Qu’elle s’installe avec le temps. Que chaque évolution appelle un temps d’adaptation : les formes, les rides, les cheveux blancs… à chaque fois, le même parcours. D’abord le regard critique et nostalgique, puis la tentative de revenir en arrière, et enfin l’acceptation. Vient ensuite l’apprentissage ; apprendre à composer avec cette nouvelle étape, cette nouvelle image.

Merci maman.

Merci pour ce cadeau hors de prix.