La peau : de quoi a-t-elle vraiment besoin ?

Une peau lisse, souple et lumineuse est une peau en bonne santé, propre et bien hydratée.

Bien hydratée ?

Dans la pratique, « hydrater » la peau ne signifie pas « lui apporter de l’eau », mais « lui permettre d’en perdre moins ». Il s’agit donc de limiter l’évaporation de l’eau présente dans nos cellules.

Attention : limiter n’est pas stopper ! Une évaporation réduite - mais constante - est nécessaire, ne serait-ce que pour son rôle dans le maintien de la température corporelle.

Pour limiter ces pertes en eau, deux éléments sont importants :

1- Le premier est assuré par le sébum : un film lipidique - produit par les glandes sébacées qui sont logées dans le derme - qui limite les pertes en eau, tout en restant « respirant ». (En réalité notre film protecteur naturel est hydrolipidique, car il contient une part de perspiration non encore évaporée et une part d’humidité atmosphérique.)

Un des rôles de nos crèmes - et autres lotions - hydratantes est de prendre le relai lorsque ce film protecteur est altéré (après un nettoyage, un bain trop chaud… ) ou insuffisant (glandes sébacées trop peu actives ou conditions extérieures très desséchantes : air froid, vent, soleil… ).

=> On parle de rôle filmogène.

2- Le deuxième point important est la qualité structurale de l’épiderme. A l’image d’un mur de briques, moins il y a de trous ou d’irrégularités, plus il est solide et isolant.

Le rôle de nos crèmes et lotions diverses est ici de venir combler les microfissures qui se forment dans le ciment intercellulaire de nos cellules épidermiques. Là encore, les besoins sont lipidiques.

=> On parle de rôle émollient.

Phase lipidique

En surface ou en profondeur, la peau a donc surtout besoin d’huile, de corps gras !

Ainsi, la phase lipidique de nos crèmes hydratantes est LA phase importante, indispensable, primordiale.

Il est même parfaitement possible de s’en tenir là ! Cela représente même de nombreux avantages :

  • d’abord un flacon d’huile n’a pas besoin de conservateur (L’huile est un milieu trop dense pour les bactéries. Elles ne peuvent pas s’y développer. C’est d’ailleurs pour ça que l’huile est souvent utilisée comme agent de conservation en cuisine… pensez aux sardines à l’huile, par exemple.)
  • ensuite, l’usage d’huile seule est d’une facilité enfantine… rien à chauffer, dosage approximatif peu gênant, on met tout dans un flacon, on secoue, et c’est fini !

Huile végétale et peau grasse

Les peaux grasses / à problèmes sont généralement indisposées par des glandes sébacées hyperactives.

Mais ce n’est pas parce que les glandes sébacées produisent beaucoup trop de sébum que le ciment intercellulaire de l’épiderme ne présente pas des brèches et des irrégularités. (C’est d’ailleurs ce qui explique qu’une peau puisse être grasse ET déshydratée, sensible, irritable… )

Ainsi les peaux grasses ont quand même besoin d’un apport lipidique : elles ont besoin d’une crème (d’une huile) remplissant bien son rôle émollient, mais ayant un faible pouvoir filmogène.

Oui mais…

Si vous ressemblez encore à une sardine à l’huile une heure après l’application de votre huile végétale, deux pistes à explorer :

  • vous en avez mis trop. Un flacon codigoutte (goutte à goutte) ou la dilution de votre huile dans une phase aqueuse peuvent être des solutions.
  • certaines huiles pénètrent plus rapidement que d’autres dans la peau. ex : l’huile d’olive est lente, trèèèès lente ; l’huile de sésame par contre fait partie des rapides…

Phase aqueuse

Il est important de retenir que l’eau de cette phase aqueuse ne passera jamais dans les cellules de votre peau ! Jamais ! Le seul et unique avenir de l’eau de cette phase aqueuse est l’évaporation !

De l’eau appliquée sur la peau aurait même tendance à accélérer le dessèchement cutané.

Alors pourquoi les crèmes hydratantes contiennent-elles toutes une phase aqueuse ?

  • d’abord parce que sa présence rend l’application de la lotion hydratante plus facile, plus fluide, plus légère, plus fraiche.
  • ensuite parce que certains actifs très appréciés par la peau - les agents humectants, les molécules à « effet tenseur », les acides de fruits, etc. - sont solubles dans l’eau et pas du tout dans l’huile. (Cela dit, leur absorption par voie cutanée est loin de faire l’unanimité dans le monde scientifique… )

En contrepartie, qui dit « phase aqueuse » dit « conservateur » ! (Additif potentiellement allergène.)

Les agents humectants

Les agents humectants sont des molécules hygroscopiques : telles de minuscules éponges, ils attirent et retiennent l’hydratation dans la peau, en augmentant l’absorption hydrique du derme vers l’épiderme ou en absorbant l’eau de l’environnement externe.

Appliqués sur la peau, ils permettent ainsi à la partie supérieure de la couche cornée de rester « humide » plus longtemps.

Les plus utilisés à l’heure actuelle sont la glycérine et l’urée.

Un point à retenir : en concentration trop élevée, les agents humectants peuvent être irritants. Soit parce qu’en retenant trop d’eau ils altèrent la structure (lipidique !) du ciment intercellulaire, soit parce qu’ils attirent tellement l’eau du derme vers l’épiderme qu’ils en deviennent profondément desséchants.

Les liants et autres agents de texture

Lorsque l’on se contente de mettre dans un même flacon une phase lipidique et une phase aqueuse, on se retrouve avec un biphase ; les deux phases ne se mélangent pas. (Il faut alors bien secouer le flacon avant chaque utilisation.)

Pour obtenir d’autres textures - crème, lait, gel, stick… - il est nécessaire de se tourner vers l’incorporation de cire, de gomme, d’émulsifiant, etc.

Leurs avantages :

  • Une partie de ces agents de texture possèdent des propriétés cosmétiques intéressantes. Les cires, par exemple, ont un effet filmogène.
  • De façon générale, leur usage aura pour effet de « fixer » le mélange, donnant ainsi l’assurance de garder la même proportion eau / huile du début à la fin du flacon.
  • Ensuite, tous auront tendance à épaissir la potion, la rendant ainsi moins coulante. Ce qui apporte un certain confort d’utilisation.
  • Enfin, dans certains cas, leur usage sera indispensable et apportera un vrai plus. Le cas du stick hydratant pour les lèvres en est un bon exemple : difficile, en effet, d’obtenir un bâtonnet solide qui dépose un film gras aussi épais sans ajouter de cire dans la formule.

Leurs inconvénients :

  • Qui dit « constituant supplémentaire » dit « risque allergène supplémentaire ».
  • Leur usage est assez délicat : souvent ils doivent être intégrés à chaud, ou ajoutés avec lenteur et mesure…

Émulsion eau dans huile et huile dans eau ?

C’est simple (bon en vrai, pas tant que ça mais je schématise… ) :

  • une phase aqueuse majoritaire entraine une émulsion « huile dans eau ». Légère, elle est adaptée aux peaux normales, grasses et fines (comme le contour des yeux… ). A l’application, la phase aqueuse s’évapore (apportant une sensation de fraicheur), et la phase lipidique joue son rôle nutritif (émollient). La phase lipidique étant par contre assez dispersée, cette émulsion aura un effet filmogène limité.

  • une phase lipidique majoritaire entraine une émulsion « eau dans huile ». Très riche, aussi filmogène qu’émolliente, elle est vraiment adaptée aux soins du corps pour peaux sèches et aux soins de nuit.

À lire, ailleurs, pour aller plus loin :