J’entends toujours dire que la mode est superficielle et que nos petites histoires de fringues sont sans intérêt. Pourtant… je ne connais pas un ado qui ne soit pas en confrontation plus ou moins directe avec ses parents pour des histoires de fringues. On déclenche des guerres et des chasses à l’homme - oui, enfin, plutôt à la femme - pour des petites histoires de fringues. On a déjà vu aussi de simples erreurs vestimentaires se transformer en quasi-incident diplomatique…

Je n’échappe d’ailleurs pas à la règle :

Ado, mon uniforme c’était : Doc Martens coquées 10 trous, Lewis 501 (remplacé un peu plus tard par des jeans beaucoup plus larges) et sweat. Il ne se passait pas une journée sans que ma mère m’envoie un « mais comment tu peux t’habiller comme ça ! Tu peux pas t’habiller en fille un peu !? » Cette tenue, ces chaussures ont aussi déclenché une vraie guerre des nerfs avec mes grand-parents… limite si j’avais encore l’autorisation de rentrer dans la maison.

Bilan : 15 ans plus tard, les chaussures sont toujours là. La cicatrice qui orne mes relations familiales aussi.

Alors la mode frivole et secondaire, je veux bien. Parce qu’effectivement, il est des questions plus graves que de savoir quelle couleur de vernis je vais porter pour la fête des mères.

Mais, je pense vraiment que la façon dont on s’habille, notre relation à nos vêtements et à notre dressing - que l’on y fasse attention ou pas, que l’on reste dans le conventionnel ou que l’on tombe dans l’excentrique, que l’on court en permanence après la nouveauté ou que l’on aime garder les choses pendant une éternité, que l’on invente son propre style ou que l’on cherche systématiquement à copier le dernier look de Kate Moss… - tout cela en dit long sur nous.

De la même façon que le regard que l’on porte sur les tenues vestimentaires du voisin en dit long sur notre niveau de tolérance personnel et sur notre capacité à vivre dans un monde polychrome.

Parce qu’au fond, la mode n’est rien d’autre qu’un mode d’expression parmi des dizaines d’autres, au même titre que la musique, la peinture ou l’écriture. L’histoire montre d’ailleurs qu’elle tend a cristalliser les mêmes crispations entre générations et les mêmes tensions liées aux croyances personnelles ; elle traduit aussi toutes les évolutions majeures de notre société.

Pour la petite histoire, à son époque, ma mère, ado en 1968, portait des mini-mini-jupes sur pantalons. Je vous laisse imaginer ce que pouvait en penser sa grand-mère…

top : Morgan - collection 2003

pantalon : Ober - collection 1996

chaussures : Doc Martens, 10 trous, coquées - collection 1995